25 janvier 2023

 



la fumée imprègne l’air du matin, j’ai ma première empreinte 
indignée 
l’inventaire en morceaux des briques éclatées 
déchaîner le rond rouge 
la bouche ensanglantée 
ce rugueux de la peau écorchée
de l’ordre des choses 
tout contre 
nos petits déplacements
 
marcher autour du géant sans avoir l’intention de le froisser
manger la tête des fleurs en sucre 
les plis anciens des violettes
souffler sur un pissenlit sans lui trancher le cou
les fleurs de camélias n’ont pas attendu l’orage
pour se détacher

les longues et sonores transhumances balaient
l’or balayé des draps brodés
au crin d’oiseaux et leurs nids enarbrés
les nuits dépliées servent à déplier

j’ai faim depuis que je suis née

un ange pour chaque falaise
chaque rugissant
animal languissant
même avec des chaussures lourdes
pied sur la digue plutôt que sur le vide 
j’apprends à nager

à suivre la flèche pour une eau plus calme
là où le héron et son immobilité végétale
là où les esprits qui ont tout vu 
m’évitent d’avoir à le faire

je vais attendre que l’air soulève mon foulard

me lever
porter ma voix
geste de sauvegarde
de ma température corporelle 
là, dans la main, une graine rouge de coton mouillé
et vous,
pas besoin de vous voir pour savoir la rencontre 
en fait, cette cabane abrite nos ricochets 
un rond dans un rond plus large 
un choeur battant
qui trouve dans la lumière des branches
matière à aiguiser son chant 

dans le silence et ses aspérités
jusqu’à la frontière que la transhumance balaie
le bruit de la pluie est celui du poêle 
demain j’irai voir la griffure de l’arbre