vue sur sieste
10 mai 2023
2 février 2023
25 janvier 2023
la fumée imprègne l’air du matin, j’ai ma première empreinte
indignée
l’inventaire en morceaux des briques éclatées
déchaîner le rond rouge
la bouche ensanglantée
ce rugueux de la peau écorchée
de l’ordre des choses
tout contre
nos petits déplacements
marcher autour du géant sans avoir l’intention de le froisser
manger la tête des fleurs en sucre
les plis anciens des violettes
souffler sur un pissenlit sans lui trancher le cou
les fleurs de camélias n’ont pas attendu l’orage
pour se détacher
les longues et sonores transhumances balaient
l’or balayé des draps brodés
au crin d’oiseaux et leurs nids enarbrés
les nuits dépliées servent à déplier
j’ai faim depuis que je suis née
un ange pour chaque falaise
chaque rugissant
animal languissant
même avec des chaussures lourdes
pied sur la digue plutôt que sur le vide
j’apprends à nager
à suivre la flèche pour une eau plus calme
là où le héron et son immobilité végétale
là où les esprits qui ont tout vu
m’évitent d’avoir à le faire
je vais attendre que l’air soulève mon foulard
me lever
porter ma voix
geste de sauvegarde
de ma température corporelle
là, dans la main, une graine rouge de coton mouillé
et vous,
pas besoin de vous voir pour savoir la rencontre
en fait, cette cabane abrite nos ricochets
un rond dans un rond plus large
un choeur battant
qui trouve dans la lumière des branches
matière à aiguiser son chant
dans le silence et ses aspérités
jusqu’à la frontière que la transhumance balaie
le bruit de la pluie est celui du poêle
demain j’irai voir la griffure de l’arbre
30 octobre 2022
le soir souvent, je laisse son parfum grandir entre nous, toute la fumée, la résine de benjouin dans la cage thoracique depuis 1885, un poison fleuri, mais pas seulement, un pays d'Arménie contenu dans un petit papier brun, des vertus "réunissantes", le soir souvent, son parfum autour de nous, huit pages de lamelles pliées en accordéon qui se consument doucement, dégagent du lointain, mais pas seulement
4 août 2022
popote
:
ce matin le ciel est le même pourtant des centaines d’étoiles l’ont
traversé
ce qui ne fait pas de bruit peut nous échapper
la popote du
matin consiste à allumer le réchaud sur un terrain en pente, pfffff
j’arrive au bout de la bouteille de gaz mais l’eau est suffisamment
chaude pour le thé et là, j’ai toute la vie devant moi pour voir l’eau
devenir verte, transparente, quelques fourmis autour du pot de confiture,
mais pas dedans, en bas le boulanger a sorti sa table pliante,
j’entends d’ici craquer les sachets de croissants, il ne fait pas
encore trop chaud, l’été se fatigue et finira par desserrer son
étreinte, de toute façon le congélateur du camping est rempli d’une
glace bleue comme au Groenland
13 mai 2022
c’est eux, les indiens
avec leur territoire
leur source
leur tipi
pas tout à fait droit
sur la placette
ils sont ma rue
où on sort avec un petit arrosoir
pour arroser les fleurs
où on chasse torse nu
les brigands du ciel
je leur demande si je peux photographier leur tipi
le garçon me répond : non
je lui réponds : oui
après tout moi aussi
j’ai du sang indien
pour chasser les brigands du ciel
avec leur territoire
leur source
leur tipi
pas tout à fait droit
sur la placette
ils sont ma rue
où on sort avec un petit arrosoir
pour arroser les fleurs
où on chasse torse nu
les brigands du ciel
je leur demande si je peux photographier leur tipi
le garçon me répond : non
je lui réponds : oui
après tout moi aussi
j’ai du sang indien
pour chasser les brigands du ciel
3 avril 2022
l’ancien monde, le vent du nord, le bruit des roulettes sur les creux et les bosses je pars,
mon visage et mes mains dans le reflet de la vitre, cette amie m’a affirmé qu’elle ne lit jamais dans le train, elle regarde à la fenêtre, le cheval blanc une apparition, la mer qui n’en est pas une puisque le train roule dessus, je me désemplis des maisons collées entre elles et contre la voie à Narbonne, le train pour Bordeaux est annoncé avec un retard de cinq minutes
je bois un café allongé "mais avec un peu plus de café que dans un café allongé", me dit la serveuse, je lui réponds: ça tombe bien, j’ai cinq minutes de plus pour écrire ce dialogue
dans le bar de la gare un homme au bonnet enfoncé,la bague et le porte feuille dans la poche intérieure de son blouson comme s’il allait sortir une arme, sa voix de caverne tellement que j’ai du mal à saisir ses mots, son visage ne s’éclaire pas partout quand il sourit, quelque chose de hargne qui vient télescoper
il parle et ses phrases refusent toute contradiction à la femme, sa mère ? assise en face de lui, est allée chercher des bouteilles d’eau et des madeleines dans un paquet qu’il lui arrache
un sourire
je suis assise en face de l’hôtel d’Alsace en plein centre de cette ville du sud, je pense à l’exil, le fil qui se distend, je pense à l’énergie du pas de côté, au mal de dos, à la danse enfermée dans mon corps qui est resté des heures immobiles, le paysage file tout seul jusqu’au prochain arrêt
un jeune homme sur le quai garde les yeux fermés
18 mars 2022
9 février 2022
4 janvier 2022
19 novembre 2021
j’aimerais être comme toi
bleu comme toi
comme tu te moques du monde comme il se moque de toi
ce que j’apprends quand je te croise
c’est que ma vie n’a jamais été aussi large
et que tu es dedans
le reste, ce sont des projections, des malentendus, des peurs
bleu comme toi
comme tu te moques du monde comme il se moque de toi
ce que j’apprends quand je te croise
c’est que ma vie n’a jamais été aussi large
et que tu es dedans
le reste, ce sont des projections, des malentendus, des peurs
je t’aime, c’est tout ce que j’ai à dire
cet amour m’apprend que l’amour m’apprend qu’on se déleste
cet amour m’apprend que l’amour m’apprend qu’on se déleste
tu te déplaces avec tes ami(e)s en occupant toute la rue
tu survis dans la meute, tu aimes en un coup d’oeil
tu creuses des trous autour de ta personne
et tu dis
la mort est une vue de l’esprit
tu creuses des trous autour de ta personne
et tu dis
la mort est une vue de l’esprit
tu prends le bus à l’heure où d’autres partent travailler
tu prends les mêmes couloirs
tu apprends à lever la main avant de prendre la parole
tu apprends à lever la main avant de prendre la parole
ce geste assimilé par toi à une soumission, un renoncement
tu penses aux filles qui travaillent dans la musique infernale
tu penses aux filles qui travaillent dans la musique infernale
du magasin de vêtements
tu racontes, mais une voix plus forte écrase ton exploit
écrase qui tu es
ce n’est pas l’avenir qui t’effraie
ce n’est pas l’avenir qui t’effraie
mais l’absence de choix
à mes yeux
ton sang est bleu
ton isolement, ta fatigue, coulent dans tes veines
ou bien n’est-ce qu’une parade, cet air de ne pas être là
tu as faim de sommeil
tu ne dormiras jamais assez
tu ne dormiras jamais assez
tu attends que la porte s’ouvre pour réchauffer ton corps
tu te heurtes à l’avidité
aux coriaces
tu te heurtes à l’avidité
aux coriaces
tu peines à inventer les formes de ton courage
ta tête ballote dans les transports de ton âge
ta tête ballote comme si tu disais oui
tu te reconnais dans les plis
la fumée sort de ta bouche
ta bouche absorbe le vif
qui réveille
un coup de pied dans les désastres
tu brûles tes ailes
l'ambition de voler est du temps perdu
tu te disgrâces en beauté
avec un échantillon de parfum dans le cou
avec un échantillon de parfum dans le cou
des docs pas lacées
les ongles maquillés
de reine à moitié roi
les ongles maquillés
de reine à moitié roi
à mes yeux
ton sang est bleu
bleu désir
bleu colère
bleu comme toi
bleu colère
bleu comme toi
ne rien faire, ne rien dire
pourrait remplir ce jour
du début à la fin
mais ton histoire n’a rien de linéaire
ton histoire procède par éclatement souterrain
les profondeurs de ta vie,
tu les partages avec une couleur que je suis seule à voir
tu les partages avec une couleur que je suis seule à voir
8 novembre 2021
11 août 2021
et brusquement repart, le quai pour moi seule,
je veux garder quelque chose de vos visages
ce n’est peut être pas un hasard si on se croise
j’aimerais vous demander : avez-vous vu ces gens qui dorment à même le sol ?
est-ce qu’ils entendent les battements de nos pas, le roulement du métro lorsqu’il passe au dessus de nos têtes, prenant la place du ciel ?
(poésie express)
poésie express des boulevards d’août désertéscet homme avec sa guitare cantare soy un italianola voix plus rauque quand il dit «ma langue maternelle »les voyageurs du métro portent un sweat-shirtavec les mots d’une chanson soy un italianoj’enchaîne barbés Rochechouart l’italienneavec un air de foule accordéon qui s’ouvre sur le cielet brusquement s’arrête
31 juillet 2021
je balaie les plumes mais avant je mets l’hirondelle dans un sac en papier, je la mets dans la poubelle de ville mais avant je lui fabrique un linceul ou une prière enfin une autre fin que la poubelle de ville mais avant le passage du camion mais avant j’entoure le rejet de passiflore d’une ficelle pour qu’il grimpe sur la rampe, mon cœur ouvre une parenthèse fragile
7 juin 2021
6 juin 2021
4 mai 2021
à me fabriquer une enfance avec des branches mortes
dans l’ombre du chevreuil dans l’eau du bidon
les millimètres d’une pluie bleue
je mange la petite fille qui mangeait le sucre des trèfles
je grandis avec elle dans l’odeur du baume du tigre
un tigre attend dans l’herbe
les herbes ont pris des centimètres
dans les cabanes de genêts les entailles et les clous
je dépose un mot au pied de la petite fille que j’étais
je serais bien restée là-haut
les oreilles de lapin couvertes de miel
je garde les questions diluviennes pour après
le jardin / ...
16 avril 2021
12 avril 2021
11 avril 2021
toucher la terre
et voir la bouteille rouge un jour de grand vent
toucher l’eau des bidons
et voir la lumière décliner, les fleurs se bouclier contre le gel
toucher la tige râpeuse d’une garance
et voir l’écorce blessée par le front d'un chevreuil
toucher cette bouche muette
et voir un oiseau jeter son chant dans le grand bol d’air
le jardin / 5
3 avril 2021
le jardin sera bleu bidon
sera rouge suspendu par une ficelle
sera poupée vaudou totem
sera si je marche sur une fleur elle ne crie pas
sera j'aimerais qu'il ne connaisse pas de fin
sera pomme nappe verres et nous quatre
sera ce que ça me vivante nous quatre
ce que j'en oublie le monde d'en bas
le jardin / 4
20 mars 2021
par un hiver touchant à sa fin je veux bien
sauver ce qui reste à
préparer la terre pour ce qui aura grandi dans un pot
choisir le coin le plus
le tenir à l’abri de
remplacer ce qui aura rendu l’âme
observer à la loupe binoculaire
quelques détails d’un monde qui m'avait échappé jusque là
par les mots ou par les gestes
par un hiver touchant je veux bien
le jardin / 3
11 mars 2021
l’hiver
le jardin là-haut était encore de traits noirs sur fond de ciel
le premier bourgeon a gagné sur le ciel
la première fleur remplit le vide
je suis au début
je suis un début de jardin traversé
la barrière ne sert à rien
le chevreuil vient se frotter contre l’écorce
il n’existe pas de moyen pour l’arbre de se réparer
son tronc se tatoue d’une bouche muette
j’ai besoin
du silence brodé par le chant d'un merle
d’une liste d’arbres aux astérisques
pour les différencier des herbacées
pour bosser sur le motif
j’ai besoin
du parfum des violettes
la fleur de ma mère
qui n’est plus
baguenauder
autour d’un
baguenaudier
avec
un astérisque
le jardin / 2