3 avril 2020

tu déboules, assoiffé, pantelant
dans les zones accessibles
tu griffes l’ennui des pavillons à la porte des villes
tu renverses le vase d’opale au milieu du dîner 
tu éventres les tondeuses à gazon
tu dévores l’ombre du genévrier
tu bois l’eau bleu des piscines
tes yeux profonds
derrière les palissades
quelque chose tremble
tu vois à quel point nous avons vieilli
nous avons oublié
ce que c’est que de marcher les pieds nus
tu lacères les sacs poubelles
tu marques de ta silhouette d’ogre lasse
nos esprits
tu humes 
tu lèches les cendres
les plaies de notre monde
tu t’en retournes 
au-delà des zones accessibles
malade de notre saison