Je garde tout
J’ai trouvé une chaussette, l’autre était plus loin, dans le joyeux brouillon des objets qui me parlent d’elle : flacon d’encre de Chine, frise fabriquée à partir d’un rouleau de papier pour machine à calculer, élastique pour rassembler ses cheveux, crayons. Dans la rue jusqu’à la gare, les roulettes de sa valise feront le bruit d’un char d’assaut. Des vibrations dans l’air, une empreinte. Elle a dessiné, je lui dis que ce qu’elle dessine est magnifique. Des visages si beaux dans leurs tourments. Dans son visage de jeune femme, l’enfant me sourit. Ce dernier matin, on parle du miel de fleurs sauvages, il existe donc des fleurs apprivoisées ? Du kiwi plus doux dedans que dehors, de ce que ça fait sur la langue et parfois dans le coeur. Avant qu’elle mette sa veste de papi en velours, je devine son grain de beauté, là, dans son cou. Je garde tout. En mots transparents d’abeilles sauvages.