Peindre la nuit à la station Balard
Dans la chaleur soufflée des croissants qui dorent
Qu’est-ce qui a changé depuis le temps où j’arpentais le plancher d’une minuscule chambre ?
Certainement pas « Allez venez milord ! »
Crié par une bouche au fond du couloir
Certainement pas la misère qui crisse et vibre dans un bruit de baguettes
J’imagine des passants en habits d’hiver qui marchent sur ma tête
J’imagine le plafond de l’opéra
Ses crépuscules flirtant avec les anges
Dans le compartiment, les passagers lévitent
Et puis, cette femme entre
Elle porte un foulard bleu noué sans amour
Sa voix est fatiguée
Vous n’êtes pas obligés
De tourner les pages
Sans amour
Vous excuser tousser pleurer
Vous n’êtes pas obligés de regarder
Sans amour
Cette femme Pfuchuiiiit !
Le foulard bleu s’éclipse
Derrière la vitre Balard Bonne nouvelle Bonsergent
Tremble sous terre manucure mémorial La Fayette !
Échappatoire entrevue et remise au hasard
Je me demande comment peindre la nuit d’un ciel sans étoile