3 février 2019

peindre la nuit

Peindre la nuit à la station Balard 
Dans la chaleur soufflée des croissants qui dorent 
Qu’est-ce qui a changé depuis le temps où j’arpentais le plancher d’une minuscule chambre ? 
Certainement pas « Allez venez milord ! » 
Crié par une bouche au fond du couloir 
Certainement pas la misère qui crisse et vibre dans un bruit de baguettes 
J’imagine des passants en habits d’hiver qui marchent sur ma tête 
J’imagine le plafond de l’opéra 
Ses crépuscules flirtant avec les anges 
Dans le compartiment, les passagers lévitent 
Et puis, cette femme entre 
Elle porte un foulard bleu noué sans amour 
Sa voix est fatiguée 
Vous n’êtes pas obligés 
De tourner les pages 
Sans amour 
Vous excuser tousser pleurer 
Vous n’êtes pas obligés de regarder 
Sans amour 
Cette femme Pfuchuiiiit !  
Le foulard bleu s’éclipse 
Derrière la vitre Balard Bonne nouvelle Bonsergent 
Tremble sous terre manucure mémorial La Fayette ! 
Échappatoire entrevue et remise au hasard 
Je me demande comment peindre la nuit d’un ciel sans étoile